29

 

Tandis que les Vénusiens victorieux commençaient à creuser des tombes pour les morts, Thorson alla débrancher le vidéo. La lumière revint dans l’appartement. Il regarda posément sa montre.

— J’ai moins d’une heure avant le retour de Crang, dit-il.

Il resta debout un moment, puis désigna d’un geste le mur blanc où la scène télévisée se déroulait avec tant d’intensité peu auparavant.

— Naturellement, dit-il, nous nous sommes hâtés de nous renforcer et ils n’ont pas essayé d’attaquer les villes. Mais ce n’était pas là leur but. Ils voulaient des armes, et ils les ont. Nous sommes au quatrième jour de l’invasion. À la date de ce matin, plus de douze cents de nos transports ont été pris, mille autres détruits, des armes sans nombre sont entre leurs mains et se retournent contre nous, et nous avons perdu quelque deux millions d’hommes. Pour arriver à cela, les Vénusiens ont perdu dix millions d’hommes : cinq millions de morts et cinq millions de blessés. Mais, à mon avis, leur plus mauvais moment est passé… (Il était lugubre) et le nôtre commence seulement.

Il s’arrêta au milieu de la pièce. Ses yeux étaient solennels. Il mordait sauvagement sa lèvre inférieure. Il dit enfin, très sombre :

— Gosseyn, c’est inouï. Jamais chose pareille n’est arrivée dans l’histoire de la Galaxie. Les peuples ou les nations conquis, même lorsqu’il s’agit de groupes entiers de planètes, restent chez eux et la masse se soumet toujours. Ils détesteront peut-être les envahisseurs pendant quelques générations, mais si la propagande est bien menée, ils sont vite très fiers d’appartenir à un grand empire.

Il haussa les épaules et murmura, à moitié pour soi :

— C’est de la simple routine.

Gosseyn réfléchissait. Dix millions de pertes en quatre jours pour les Vénusiens. Le chiffre était si énorme qu’il ferma les yeux. Puis, lentement, durement, il les rouvrit. Il se sentait très triste, et très fier. La philosophie de Ā se trouvait justifiée, prouvée, honorée par les morts. Comme un seul homme, Vénus avait compris la situation, et sans discussion, sans préparation, sans avertissement, avait fait le nécessaire. C’était une victoire spirituelle qui laisserait son empreinte sur chaque homme sensé dans l’univers. Là-bas, sur les planètes d’autres étoiles, il devait exister beaucoup d’hommes de bonne volonté.

Gosseyn fit une estimation machinale du nombre d’hommes honnêtes que cela faisait.

Les chiffres le troublèrent, altérèrent le cours de sa pensée. Il regarda Thorson, les yeux étrécis.

— Un instant, dit-il lentement. Qu’est-ce que vous essayez de me raconter ? Comment un empire galactique qui a plus de soldats que le système solaire ne comporte d’habitants peut-il être vaincu en quatre jours ? Qu’est-ce qui les empêche d’acheminer ici des armées en nombre pratiquement illimité et au besoin d’exterminer jusqu’au dernier non-A de Vénus ?

L’expression de Thorson était railleuse.

— C’est ça dont je parlais voici un instant, dit-il.

Sans quitter des yeux Gosseyn, le grand type approcha une chaise et s’y assit à califourchon, appuyant ses coudes sur le dossier. Il parlait avec une intensité qui ne laissait pas de doute sur l’importance de ce qu’il allait dire.

— Mon cher, voyez un peu de quoi il s’agit. Le Plus Grand Empire – ceci, en passant, est une traduction littérale du terme original – est membre de la Ligue galactique. Les autres membres réunis sont trois fois plus nombreux que nous, mais nous représentons la plus grande puissance unitaire qui ait jamais existé dans le temps et dans l’espace. N’importe, en raison de nos obligations à l’égard de la Ligue, nous ne pouvons agir que sous certaines limites. Nous avons signé des conventions qui interdisent l’emploi d’un Distorseur comme nous l’avons employé contre la Machine. Les conventions interdisent l’emploi de l’énergie atomique, sauf comme source motrice et dans quelques applications définies. Nous avons détruit la Machine avec des torpilles atomiques. Des petites c’est vrai, mais atomiques quand même. Dans le langage de la Ligue, le plus grand crime de tous est le génocide ; si vous tuez cinq pour cent de la population, c’est une guerre. Si vous en tuez dix pour cent, c’est un massacre, et vous êtes passible de dommages-intérêts si on peut le prouver devant la Ligue. Si vous en tuez vingt pour cent, ou vingt millions en tout, qui est le nombre maximum possible, c’est le génocide. Si on peut le prouver le gouvernement ou la puissance compromise est déclaré hors la loi et tous les responsables doivent être jugés et exécutés si la preuve est faite. L’état de guerre existe automatiquement jusqu’à ce que les conditions aient été remplies.

Thorson s’interrompit, il souriait sans gaieté. Nerveux, il se releva et se mit à arpenter le plancher. Il s’arrêta enfin.

— Peut-être commencez-vous à vous rendre compte du problème que les Vénusiens ont créé pour nous ici. Encore une semaine comme cela et si nous continuons à nous battre nous serons passibles de pénalisations très graves avec la seule échappatoire de porter la guerre à l’échelle de l’univers.

Son sourire se fit plus dur.

— Naturellement, dit-il, nous continuerons cette guerre jusqu’à ce que je voie clair dans cette situation. Et c’est là, mon cher, que vous entrez en scène.

Le problème de Gosseyn réapparut à la surface avec cette rapidité.

Gosseyn se cala profondément dans son fauteuil. Il était troublé, mais affecté par une émotion qui l’empêchait de penser. Son corps souffrait de haine et de colère à l’endroit de l’Empire galactique qui jouait le jeu de la politique avec des vies humaines. Il se sentait consumé par le besoin de se dévouer, de partager le grand sacrifice d’offrir sa vie aussi librement que les autres avaient offert la leur. Le désir de ne faire qu’un avec le peuple de Vénus éclipsait presque tout le reste.

Presque consciemment, corticalement, il s’écarta de cette tentation de mort. Ce qui était juste pour eux ne l’était pas nécessairement pour lui. C’était l’essence même du Ā que deux situations ne soient jamais les mêmes. Il était Gilbert Gosseyn, possesseur du seul cerveau second de l’univers. Son but devait être de rester vivant et d’entraîner son cerveau spécial.

Et c’est là ce qui le troublait. Théoriquement aucune chance pour un prisonnier d’accomplir le moindre de ses desseins personnels. Mais la franchise même de Thorson paraissait lui laisser un espoir.

Quel que fût celui-ci, il fallait l’accepter et tâcher de le tourner à son avantage.

Il vit que Thorson le regardait toujours, une expression sombre sur le visage. Le géant dit lentement :

— Ce que je ne comprends pas, Gosseyn, c’est de quelle façon vous vous insérez là-dedans.

Il paraissait troublé.

— On vous a presque littéralement poussé en scène à la veille de l’attaque. Ostensiblement, votre apparition était destinée à stopper l’invasion. Je reconnais que vous nous avez retardés, mais pas très longtemps. En fin de compte, vous paraissez n’avoir servi aucun propos défini. L’attaque a été repoussée non pas grâce à ce que vous avez fait, mais à cause de la philosophie de la race.

Il s’arrêta. Sa tête s’inclina fortement sur la droite, hésitation inconsciente mais expressive. Il semblait absorbé par un problème immédiat. Lorsqu’il reprit la parole, ce fut d’une voix rauque.

— Et pourtant, et pourtant, il doit y avoir un rapport. Gosseyn, comment expliquez-vous la coexistence de cet unique non-A et de cet unique vous-même dans un univers ordinaire par ailleurs ? Attendez ! ne dites rien. Laissez-moi vous exposer mon idée de la chose. D’abord, nous vous tuons, non que nous le désirions spécialement, mais parce que ça paraissait plus commode de vous tuer au moment de votre fuite que de nous encombrer de vous. C’était idiot. Le fait même de raisonner de cette façon prouvait l’étroitesse de notre base de raisonnement.

« Lorsque Prescott a rendu compte de votre réapparition sur Vénus, j’ai d’abord refusé de le croire. J’ai donné à Crang l’ordre de vous retrouver, et après, comme je désirais votre coopération, j’ai fait jouer à Prescott le petit jeu du complice dans votre évasion. Cela a fourni une occasion de se débarrasser de Lavoisseur et de Hardie, et grâce au Dr Kair, nous avons trouvé quelque chose en ce qui concerne votre cerveau. Vous nous pardonnerez nos méthodes mais nous étions un peu troublés de vous voir réapparaître dans un second corps.

« L’immortalité ! » Il se penchait en avant, les yeux légèrement écarquillés, comme s’il revivait une émotion qui avait ébranlé les fondements de son être. Il paraissait ne pas se rendre compte qu’il avait dévoilé le nom réel de X, Lavoisseur. Gosseyn se souvint avoir entendu ce nom quelque part, mais la connexion restait vague. Thorson continua.

— Quelqu’un a découvert le secret de l’immortalité de l’homme. Une immortalité à l’épreuve des accidents. C’est-à-dire… (Il s’interrompait avec mépris :) sauf de ces accidents qui peuvent arriver aux corps sur Terre, où des tiers armés ont accès partout.

Thorson s’arrêta et regarda Gosseyn avec acuité.

— Vous serez intéressé d’apprendre où nous avons trouvé le corps de Gosseyn III. Franchement, j’ai toujours un peu soupçonné Lavoisseur. Cet accident dont il avait souffert ne me paraissait pas suffisant pour le voir abandonner son travail de toujours et se liguer aux ennemis du non-A. Aussi, j’ai fait une visite à l’Institut de sémantique sur Korzybski Square, et…

Il s’arrêta de nouveau, laissant cette fois Gosseyn haletant. Et ce dernier dit :

— Il était là ?

Il n’attendit pas la réponse. Son esprit, au-delà des mots, avait bondi vers une compréhension nouvelle.

— Lavoisseur ! dit-il. Je n’avais pas saisi le nom. Vous dites que X était Lavoisseur, le directeur de l’Institut de sémantique ?

— On a parlé de son accident lorsqu’il est arrivé voici deux ans, dit Thorson. Très peu de gens en savaient la gravité. Mais ça n’a plus d’importance. Ce qui compte c’est votre troisième corps. Les savants responsables ont juré qu’il avait été amené seulement une semaine plus tôt et qu’ils étaient censés le tenir à la disposition de la Machine des jeux. Ils ont dit qu’ils avaient appelé la Machine pour vérification régulière. Et qu’elle avait confirmé que dans la semaine elle enverrait un camion le prendre. Mais quand je l’ai trouvé, il était encore dans sa caisse. Je n’avais pas l’intention de détruire le corps, mais quand mes hommes ont essayé de le sortir de… de son container, cette saloperie de machin a sauté.

Il attira de nouveau la chaise vers lui et s’assit lourdement. Il paraissait agir sans s’en rendre compte, car son regard ne quitta pas le visage de Gosseyn. Il dit d’une voix sonore :

— Voilà le tableau, mon cher. Je vous garantis qu’il y avait un Gosseyn III. Je l’ai vu de mes propres yeux et il était identique à vous-même et à Gosseyn Ier. C’est de voir ce troisième corps qui m’a décidé à courir le plus grand risque personnel de ma carrière.

L’affirmation parut le soulager, comme si traduire en mots sa décision la rendait définitive. Thorson se souleva sur son fauteuil et se pencha de plus près, confidentiel.

— Gosseyn, je ne sais pas exactement à quel point vous êtes renseigné. J’ai admis que vous en saviez long.

Il ajouta ironiquement :

— Je ne suis pas resté aveugle devant la facilité avec laquelle chacun vous donnait des renseignements pour ses raisons personnelles. Ce pendant, ils ne comptent pas.

Il agita la main d’un geste qui éliminait les autres définitivement.

— Gosseyn, ce que je vous ai dit, voici un moment, des règles de la Ligue est vrai. Mais comme vous l’avez sans doute deviné, ça ne compte pas.

Il s’arrêta pourtant de l’air d’un homme qui va dévoiler un secret.

— Ces traités ont été délibérément rompus.

Il se campa solidement sur le sol et dit, sinistre :

— Enro en a assez des rêveries de la Ligue. Il veut la guerre à l’échelle de l’univers, et il m’a spécifiquement donné l’ordre d’exterminer le peuple non-A de Vénus à titre de provocation délibérée.

Il conclut tranquillement :

— À cause de vous, j’ai décidé de ne pas exécuter ces ordres.

Gosseyn sentait cela venir. Dès ses premiers mots, le géant s’était attaché au mystère de Gilbert Gosseyn. Son propre problème, ses devoirs propres avaient été exposés en passant et en manière d’éclaircissements et d’explications. Et la chose suffocante, la chose incroyable, c’est qu’inconsciemment Thorson avait enfin donné la raison de l’apparition d’un tel nombre de Gosseyn au milieu de cet immense réseau d’événements. Le chef d’une machine de guerre irrésistible, en route pour une destruction sans limites, avait été détourné de son propos. Avec les yeux de l’esprit, il voyait au-delà des réalités normales de la vie, et cette vision d’immortalité l’aveuglait sur tous les autres points. Il restait des fils à démêler, des zones troubles dans le tableau – mais c’est pour détourner cet homme de son but que Gosseyn avait été ramené à la vie. Pas de doute non plus sur le point où le raisonnement de Thorson allait entraîner son auteur.

— Gosseyn, il nous faut découvrir ce joueur d’échecs cosmique. Oui, j’ai dit « nous » ; que vous vous en rendiez compte ou non, vous êtes dans le coup. Les motifs sont de poids, tant personnels que généraux. Il ne peut vous avoir échappé que vous n’êtes qu’un pion, une version incomplète de l’original. Peu importe le développement que vous atteindrez, vous ne saurez jamais qui vous êtes et quel est le but réel de celui qui est derrière vous. Et vous devez aussi, Gosseyn, vous rendre compte qu’il n’a été que temporairement démonté. Où qu’il se procure ces corps de rechange, vous pouvez être certain qu’il n’a besoin de vous que pendant un laps de temps assez bref, le temps de mettre les autres en fabrication. Ça paraît inhumain, je sais, mais ne vous faites pas d’illusions. Quoi que vous fassiez maintenant, quels que soient vos succès, dans très peu de temps vous serez bon pour la poubelle. Et étant donné l’accident survenu à Gosseyn III, il est possible que les souvenirs de I et de II soient perdus.

La figure du géant était un modèle de calcul, dans l’attente contractée d’une action prête à être entreprise. Il dit d’une voix sèche :

— Naturellement, je paierai votre assistance à son prix. Je ne détruirai pas le non-A. Je n’emploierai pas l’énergie atomique. Je romprai avec Enro, ou, au moins, le tiendrai dans l’ignorance aussi longtemps que possible. Je mènerai ici une guerre d’entretien et réduirai le massacre. Je suis préparé à donner tout ça en échange de votre collaboration volontaire. Si nous sommes obligés de forcer votre concours, je ne suis plus lié. La seule question qui subsiste, en somme… (Les yeux gris vert étaient des plaques brûlantes :) c’est la suivante : nous aiderez-vous volontairement ou non ? De toute façon, vous nous aiderez !

Parce qu’il s’était rendu compte de ce qui se préparait, Gosseyn avait eu le temps de se décider, de penser à quelques-unes des conséquences. Il dit sans hésitation :

— Volontairement, bien sûr, mais j’espère que vous saisissez que la première étape doit être d’entraîner mon cerveau second. Êtes-vous préparé à pousser votre raisonnement jusqu’à cette limite ?

Thorson était debout. Il alla à Gosseyn et lui tapota l’épaule :

— Je vous devance toujours, dit-il d’une voix sonore. Écoutez, nous avons installé un système de transports entre la Terre et cet endroit. Crang doit arriver d’un instant à l’autre avec le Dr Kair. Prescott ne sera pas ici avant demain, parce qu’il doit être nommé responsable en ce qui concerne Vénus ; aussi pour le bien de nos supporters terrestres, il a été forcé de prendre le transport. Mais…

On frappa à la porte. Elle s’ouvrit : le Dr Kair entra, suivi de Crang. Thorson leur fit un signe et Gosseyn, debout, serra silencieusement les mains du psychiatre. Il entendait Thorson et Crang parler à voix basse. Puis le géant se dirigea vers la porte.

— Je vous laisse tous les trois régler les détails à votre idée. Crang m’informe qu’une révolution d’importance vient de se développer sur la Terre et je dois regagner le palais pour diriger la bataille.

La porte se referma derrière lui.

Le Monde des Non-A
titlepage.xhtml
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_000.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_001.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_002.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_003.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_004.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_005.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_006.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_007.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_008.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_009.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_010.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_011.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_012.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_013.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_014.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_015.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_016.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_017.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_018.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_019.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_020.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_021.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_022.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_023.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_024.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_025.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_026.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_027.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_028.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_029.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_030.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_031.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_032.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_033.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_034.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_035.html
Van Vogt,Alfred E-[Le Non-A-1]Le monde des Non-A(1948).French.ebook.Alexandriz_split_036.html